Le yoga de Dharsha

Article : Le yoga de Dharsha
Crédit:
31 mai 2015

Le yoga de Dharsha

Elles y sont toutes venues pour des raisons diverses et variées. Shalini, après une belle carrière de directrice financière, voulait laisser place à plus de spiritualité dans sa vie. Apporter un sens. Rami, elle, femme au foyer, voulait tonifier son corps, avoir une vie plus saine. Ranjanie, en rémission d’une leucémie, pensait ainsi mettre toutes les chances de son côté pour éviter une rechute. Nilminie voulait tout simplement perdre un tour de taille – mais sans courir – et Senani faire baisser son taux de cholestérol.

Et d’autres aussi, les ont rejointes, pour d’autres raisons encore.

Elles se sont donc tournées vers le yoga.

C’était aussi pour elles le virage fin de la quarantaine. Les enfants juste sortis du bercail. Changement d’orientation de vie. L’heure à laquelle on remet les pendules à l’heure. Plus de temps pour soi. Et puis il y a eu la vague Facebook. C’est ainsi que ces anciennes amies de collège, Shalini, Nilminie et les autres, ont repris contact entre elles, et qu’elles ont retrouvé Dharsha.

Ah, Dharsha! Elle aussi avait eu ses malheurs. La quarantaine complètement bouleversée. Finalement, le salut par le yoga. Quelques séjours prolongés à l’Université de Bengalore en Inde du Sud. Elle s’est reconvertie guru.

Cours de petits groupes (3 à 6 personnes), fixés quotidiennement, chez des amies. A Colombo. C’est un peu l’esprit de l’économie de partage. Non, pas de salle dédiée, mais un salon, une terrasse. Il suffit de pousser les fauteuils. Le groupe d’amies a fait place à une communauté d’adeptes plus large. On s’y retrouve dans un esprit cordial, aux accents d’une musique d’ambiance, indienne, relaxante et rythmée.

Elles sont venues pour des raisons variées. Et elles ont découvert une réalité bien supérieure à leurs attentes.

Le cours commence et est rythmé par des minutes de relaxation, d’arrêt, de concentration. On réapprend à respirer, inspirer, expirer, par l’estomac, gonflé, puis rentré, par les poumons, par les narines. On prend conscience du souffle, de l’air qui va et de celui qui vient. On le sent passer. On l’imagine, propre et sain qui vient régénérer le corps puis qui ressort le débarrassant de ses toxines. La respiration, la relaxation sont ainsi essentielles, nous répète Dharsha, pour nettoyer le corps en profondeur, le purifier. C’est aussi une étape essentielle d’écoute et de prise de conscience de son corps.

Yoga 1Puis, les étirements s’enchaînent tranquillement. Chaque partie du corps est travaillée, chaque muscle ensommeillé est réveillé en douceur. Les orteils. Les épaules. Torsions et contorsions. Le corps se débarrasse ainsi de ses tensions. De celles qui pèsent, là, sur les épaules, en fin de journée. De celles qui s’accumulent à force d’inquiétudes, dans le cou et qui fragilisent le corps.

Avec le yoga de Dharsha, on ne force rien. Si le corps résiste, on passera la posture plus tard, sans forcer, à l’aide de la respiration. Mais pour l’instant, on accepte cette situation, ce corps et ses résistances, on l’aime comme il est.

C’est le principe de non-violence dans le yoga. Apprendre à aimer ce qui est, tel quel. Et dans la vie, c’est pareil. Une maladie, un corps fatigué et stressé, une relation difficile. Sans se braquer, trouver des solutions autres et finalement passer les (mauvaises) “postures”.

Avec le yoga de Dharsha, on apprend aussi à savourer la posture. C’est confortable. On s’y sent bien. On apprend le contentement de soi. Dharsha répète, de sa voix calme et appaisante : “Enjoy the posture”.

Pendant ces moments, c’est sur soi que l’on canalise son énergie et son attention. Souvent, on ferme les yeux. On évite de regarder ailleurs, de se laisser distraire par l’autre, ce qu’elle fait là, juste à côté. Non, on ferme les yeux. Ou on fixe un point, là, sur le mur, ou à l’horizon, et on trouve ainsi un meilleur équilibre. La posture de l’arbre, bien enraciné au sol et tiré vers la lumière (vrikshasana) ou celle de l’aigle, stable et tranquille (garudasana). Ainsi, on apprend à maîtriser son regard en le gardant orienté très précisément sur ce point du mur, immobile.

Dans la vie, c’est pareil. Ce contrôle, cette maîtrise du regard, c’est éviter de regarder ce qu’on n’a pas, c’est éviter l’envie. Encore une fois, c’est atteindre un contentement de soi, se réjouir de ce que l’on est!

Le yoga de Dharsha, on y revient. Chaque semaine, ou deux fois par semaine. On y trouve un certain bien-être. Et dans cette pratique régulière, cette assiduité, on apprend la persévérance. Avec le temps, avec les mois, on ressent, progressivement, une évolution positive et profonde de son être.

Dans la vie, c’est pareil. Chaque évolution positive, profonde prend du temps et s’installe avec la patience.

Respiration, étirements, musculation douce, on prend exemple sur le monde qui nous entoure. Le chat qui fait le gros dos (marjaryasana) puis s’étire. Le cobra qui se dresse (bhujangasana). La montagne, forte et solide, haute et plantée au sol (tadasana). Chaque posture prend sens. On prête attention à ce que l’on ressent, on s’écoute, soi, pour se connaître mieux.

Dans la vie, c’est pareil. En sachant prêter attention à soi d’abord, on apprend à se construire, à savoir qui on est et à s’épanouir. On sait mieux choisir et orienter sa vie. Puis, ainsi, ensuite, s’ouvrir aux autres, porter plus intensément son écoute sur l’extérieur.

Le yoga de Dharsha contient aussi une petite partie bien cardio… La salutation au soleil (Suriya Namaskar), cet enchaînement, plus ou moins rapide, d’une série de postures, pliées-tendues, couchées-debout. Les postures s’enchaînent avec fluidité, au son de la musique plus dynamique et toujours synchronisées sur la respiration. Ce rythme augmente l’endurance.

Puis, c’est l’abandon. Le front en gouttes, le coeur qui bat à tout rompre, sur son matelas, chacune. Progressivement, on retrouve le repos. La relaxation totale les yeux fermés. Parfois même on s’endort. On se sent bien, unie, aussi bien à l’intérieur de soi qu’avec le tout, autour de soi.

La séance se termine bientôt. Cela fait déjà une heure et demie que ça dure. Dharsha invite alors chacune à un exerce de rotation de la conscience. Toujours en position allongée et détendue, on entend sa voix qui égrène tranquillement le nom de chaque os, articulation. Qui invite à prendre conscience de chaque partie du corps et de la ressentir. Et on la suit par l’imagination. Ou encore une fois, on s’endort.

La leçon s’achève. Un instant de méditation final pendant lequel on se soncentre sur un voeux. La bonne santé, le bonheur, la paix, pour soi. Le voeux s’étend aux personnes que l’on aime, dans un esprit de bienveillance.

Chacune repart rassérénée. L’esprit zen. Le yoga de Dharsha se vit aussi par l’expérience.

Emmanuelle Gunaratne

Plus sur l’esprit de ce yoga, cliquez ici : A quel yoga se vouer? ou bien là : Les leçons de vie du yoga… Bonne lecture!

Étiquettes
Partagez

Commentaires