Une barrière de gliricidia chez Nandana

Article : Une barrière de gliricidia chez Nandana
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22 août 2015

Une barrière de gliricidia chez Nandana

Nous étions chez Pradeepa le mois dernier, nous voici maintenant chez Nandana. Toujours sur le même projet, à long terme, d’apporter un soutien aux familles pour l’établissement de jardins biologiques, sur la commune de Mirihawatte au Sri Lanka. Avec l’espoir affiché qu’un jour, cette montagne, qui sert de source pour le grand fleuve de Mahaweli sera replantée d’une forêt riche en biodiversité, assurant ainsi le protection d’espèces rares, un sol riche, un air et une eau purs. Et que les habitants y puiseront aussi leur revenu, en partie grâce à leurs jardins, qui seront le complément de cette forêt. Aujourd’hui, nous nous penchons sur la technique des barrières végétales de gliricidia, très présentes autour des “home gardens” sri lankais.

Nandana et Shirani ont deux enfants. Août, ce sont les vacances. Il y a donc toujours des petits amis, des voisins ou des cousins qui traînent aussi dans le jardin. Le terrain est vaste, la terre devenue ingrate sur ce sol en pente et difficile d’accès. Nandana est cultivateur : thé, kithul, choux, tomates et autres légumes et fruits. Il utilise des engrais et fertilisants chimiques. Ce n’est donc pas l’intégralité que l’on

Préparation des trous...
Préparation des trous…

convertit au bio. Une petite partie seulement de ces 3 acres (1,2 ha) . Une opportunité pour démontrer qu’il y a un marché pour les produits bio, que la terre sera enrichie naturellement, que ce système où les producteurs fixent leurs prix sera avantageux pour la famille de Nandana. Bref qu’il n’y aura pas de baisse de revenu. Et qui sait, peut-être qu’un jour, Nandana évoquera le besoin de convertir toute son exploitation en bio! Et puis, il y a les enfants qui courent ici et là pendant que l’on travaille et qui apprennent aussi, en regardant et en participant à l’excitation du groupe.

Ceci pour replacer dans le contexte le thème de cette fiche : le comment et le pourquoi d’une barrière végétale de gliricidia.

Equipe au travail, pour planter une trentaine de pieux.
Equipe au travail, pour planter une trentaine de pieux.

Au deuxième jour de notre mission, après la fabrication d’un tas de compost dans les règles de l’art, nous commençons donc, armés de bêches, de piques, de coques de noix de coco, à gratter, percer, trouer la terre sèche du jardin, en intervalles réguliers de 1 mètre environ. Au total une trentaine de trous, profonds d’environ 30-40 cm. Le soleil tape dur déjà en milieu de matinée. Une autre partie du groupe, à la machette, choisit et taille les branches d’arbres de gliricidia. Il en résulte une trentaine de pieux, droits et défeuillés, bien vivants sous leur air sobre de bâton de pèlerin.

 

On taille les branches solides des gliricidia du jardin
On taille les branches solides des gliricidia du jardin

Qu’est-ce donc que le gliricidia? 

Bien connu de toute la zone tropicale, le gliricidia sepium (nom scientifique) – de la famille botanique des fabacées (légumineuses) – compte une multitude de noms communs, ce qui révèle l’importance de cette espèce auprès des populations rurales. C’est en effet un arbre qui présente de multiples fonctions. De taille moyenne, il pousse rapidement (environ 3 mètres sur la première année), et sert facilement de haie – comme chez Nandana. Les branchages, une fois taillés, sont appliqués sur les champs, comme fertilisant naturel. Cette légumineuse se décompose en effet rapidement et produit de l’azote en grande quantité. C’est donc un excellent fertilisant organique quand les produits du taillage sont posés entre les rangs de thé ou de cocotier. Il réduit même l’incidence de certaines maladies comme le mildiou sur les feuilles de thé. Sa richesse en azote en fait une matière première verte idéale pour le compost. Egalement connu comme combustible efficace dans les foyers, il prévient aussi contre l’érosion, propriété très utile pour le jardin en étages multiples et en pente de Nandana. Il apporte aussi de l’ombre aux caféiers et cacaotiers et est apprécié comme forage animalier.

On effeuille les branches pour en faire des pieux.
On effeuille les branches pour en faire des pieux.

C’est donc une espèce essentielle dans l’agriculture tropicale et bien connue à travers le Sri Lanka comme sur ce village de Mirihawatte.

En fin de matinée, la barrière a pris sa forme simplissime initiale – une série de bouts de bois plantés autour du jardin, raccordés de trois rangées de fils de fer. Dans six mois, on devinera déjà l’esquisse d’une haie plus touffue. D’autres espèces, plantées entre les gliricidia auront aussi poussé. Dans un an, le jardin bio sera complètement

On effeuille les branches pour en faire des pieux.
On relie les pieux avec trois hauteurs de fils de fer.

délimité par cette barrière végétale d’arbres. Le veau de Nandana en appréciera le feuillage, les rangs de la petite plantation de thé attenante y trouveront leur source de fertilisant naturel, les tas de compost leur dose d’azote et les caféiers juste plantés un ombrage rafraichissant.

Cette mission a été conduite dans le cadre d’un voyage solidaire organisé par Double Sens. Les missions sont coordonnées par l’association Rainforest Rescue International, qui promeut au Sri Lanka et à travers le monde, le concept de forêt analogue, sur le site de Belipola (village de Mirihawatte).

Emmanuelle Gunaratne

On relie les pieux de gliricidia avec des fils de fer
On relie les pieux de gliricidia avec des fils de fer

 

 

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