Les trucs & astuces de Aachchi #3 : une pause méditative

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Les trucs & astuces de Aachchi #3 : une pause méditative

6h du soir… une lumière dorée presque orangée emplit l’atmosphère. Le temps semble suspendu. L’instant illuminé, magique. C’est beau et reposant. Aachchi s’assied sur ce rocher, qu’elle affectionne particulièrement, au détour du chemin, à la sortie du village. 

Aujourd’hui, Aachchi, notre grand-mère sri lankaise, nous raconte les bienfaits de ses pauses méditatives. En exclusivité pour les lecteurs de Trek’Ceylan.

Immobile sur ce rocher, Aachchi ébauche un sourire apaisé. Elle sent la brise caresser son visage. Au loin, on entend les jeunes jouer au cricket. La balle retentir sur la batte, les cris qui s’ensuivent, l’excitation du jeu. Ses petits-enfants, Lasantha et Yasith doivent s’amuser là-bas avec les autres garçons du village. Dans les rizières gorgées d’eau en face d’elle, les paysans, l’échine courbée se relèvent et ramassent leurs outils. C’est la fin de l’activité journalière. Il est temps de rentrer chez soi. Les aigrettes picorent ici et là. La vache, sauvée* par Ravi Mahaththaya**, broute tranquillement l’herbe du jardin….

Aachchi écoute les rituels du crépuscule. Elle observe le jour se coucher. Elle ne fait rien. C’est son temps à elle, un temps pour se retrouver, pour écouter les émotions accumulées pendant la journée, les laisser s’échapper au rythme de ses expirations. Sa pause méditative de fin de journée. Temps de méditation. Temps pour prendre du recul. Il fait bon s’arrêter pour prendre le temps de vivre, d’exister simplement, de respirer, d’être là. Elle sent alors son corps et son esprit s’emplir d’une intense sérénité. Qui lui permettra ensuite de reprendre la route, pleine d’énergie, de rejoindre son foyer.

6h du soir. Les aigrettes picorent dans le champs. La vache se prélasse.
6h du soir. Les aigrettes picorent dans le champs. La vache se prélasse. Crédit Photo : Anuradha Ratnaweera via Flicker.

C’est quotidiennement qu’Aachchi prend cette pause méditative. Elle s’arrête sans doute une petite demie-heure, et cela assez régulièrement dans la journée. Le soir, elle aime particulièrement ce rocher, ce crépuscule orangé, les cris des enfants au loin, la paix sur les rizières, la nature autour d’elle, les oiseaux blancs qui se régalent dans les rizières au milieu des épouvantails, la vache qui se repose. Ce calme lui permet de faire le vide dans son esprit. La lenteur du paysage d’en apprécier la beauté. La continuité de la vie de se sentir complètement reconnectée avec elle-même, avec sa terre, intimement. Elle accueille les pensées qui lui passe par la tête, les petites choses qui ont embelli sa journée. Les pensée qui la font souffrir aussi. Elle leur donne de l’espace.

Que dit Aachchi?  Il arrive quelquefois qu’Aachchi se rende à Galle, la ville la plus proche, ou même, bien que ce soit plus rare, à Colombo. La vie y est trépidante. Les klaxons des bus, la circulation étourdissante, la foule. Elle remarque surtout qu’on ne s’y arrête pas. Les gens vivent vite, courent, faisant plusieurs choses à la fois. Et si le vide pointe le bout de son nez, bien vite, ils reprennent leur téléphone portable et se changent les idées. Action. Distraction. Action. Distraction… Mais jamais un instant pour souffler et se recueillir. Quelle pression intenable, pense-t-elle alors!

Aachchi sait, elle, qu’il est essentiel de se préserver des moments de tranquillité, des espaces protégés, de nourrir son esprit de lenteur, de calme et de continuité***. De faire ces pauses méditatives plusieurs fois au long de la journée. Ainsi, elle entretient en elle une grande paix intérieure, une douceur de vivre qui lui permettent d’habiter le mieux possible le temps, la vie.

Ailleurs, loin, on appelle cela « Vivre en pleine conscience »***. On réapprend ces méthodes ancestrales qui permettent de se reconnecter à son intimité. Aachchi, elle, pratique ses pauses méditatives depuis toujours, comme le faisaient sa mère, ses tantes, comme savent encore le faire les villageois.

Emmanuelle Gunaratne

* Il est coutumier au Sri Lanka, à l’occasion d’un événement spécial, un anniversaire par exemple, de sauver un animal, souvent une vache, en route vers l’abattoir, en échange d’un don monétaire. Ce don contribue aux « mérites » de la personne qui le fait. Pour éviter que l’animal ne se retrouve plus tard livré au même sort, on le garde dans son jardin ou dans un temple. Il s’agit d’une coutume bouddhiste couramment pratiquée.

** Les villageois emploient toujours, par déférence, le terme de Mahaththaya (මහත්තය en cinghalais), pour s’adresser  au propriétaire de leur terre.

*** Vivre en pleine conscience – Dans un monde où tout va toujours plus vite, où l’on est sans cesse sollicité, stimulé, le psychiatre Christophe André nous apprend, dans son livre Méditer jour après jour, à ralentir, à nous reconnecter à nous-mêmes. A vivre en pleine conscience.

Retrouvez tous les trucs et astuces de Aachchi dans notre rubrique Bien-Etre : les bienfaits de la préparation miel – cannelle de Ceylan et de l’eau de coco.

Sri Lanka. 6h du soir. Les paysans terminent leur travail dans les rizières.
Sri Lanka. 6h du soir. Les paysans terminent leur travail dans les rizières. Crédit Photo : Global Water Partnership via Flicker.
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